dimanche 19 octobre 2008

Richard Gère

Rappelez-vous, c'était juste après les élections sénatoriales du 21 septembre dernier. Elections qui ont donné le résultat que l'on sait.

Tout le monde se souvient de leur participation au Journal Télévisé de RFO le lendemain me semble-t-il.

D'abord Gaston Flosse, le Sénateur redevenu Sénateur.

La gracieuse Natacha Szilagyi lui demande s'il est toujours autonomiste, lui dont le co-listier est foncièrement indépendantiste.

Réponse de M. Flosse:
"Mais bien sûr, je suis et resterai toujours
indépendant..... euh... autonomiste naturellement".

Pas mal pour une mise en bouche.

Arrive alors son co-listier Richard Tuheiava, Sénateur api, et même benjamin du Sénat, joliment paré d'un magnifique collier de frangipaniers qui fait poliment son entrée en matière:

"Bonsoir Sophie ! "

Réponse sèche de Miss Szilagyi: "Euh.. merci mais moi c'est Natacha".

Ou un truc du genre.

C'était pas méchant, c'était probablement dû à la fatigue engendrée par la campagne électorale, mais c'était quand même assez rigolo, tout de suite après le lapsus du Sénateur sénior.

Heureusement, ils se sont tout de suite après mis au travail au Palais du Luxembourg à Paris.

Les affaires et les textes réglementaires du pays sont donc entre de bonnes mains.

A la fin de cette semaine, la Une des Nouvelles attire mon attention: "LE SENATEUR "CHAPPE" LES AVOCATS.

En page 5 que j'ai reproduite ci-dessous, on apprendrait que l'ordre des avocats (et oui Sénateur junior est avocat, un bien beau métier, celui qui doit protéger la veuve de l'orphelin ou quelque chose comme ça), l'ordre des avocats donc, se serait réuni en "Conseil de discipline" - la vache ça doit être grave-, pour le motif suivant, d'après les Nouvelles de Tahiti:

A la suite de multiples plaintes des clients de Maître Tuheiava et d'un important montant d'impayés, ses pairs lui reprochent son "manquement à la délicatesse, à la probité et à l'honneur de la profession" et ont ouvert le mois dernier une procédure disciplinaire.

Ah quand même.


Toujours d'après les Nouvelles de Tahiti, et je cite: " En 2002, Richard Tuheiava, aux côtés de trois autres avocats, avait déjà été poursuivi disciplinairement par le Conseil de l'Ordre des Avocats pour manquement à la délicatesse, à la probité et à l'honneur dans le dossier du questionnaire sur les langues polynésiennes. Lui et les trois autres avocats avaient finalement été amnistiés par la cour d'appel de Papeete."

Ouf. Je commençais à avoir peur. Tout s'est donc finalement bien passé, ils ont été amnistiés. Comme on pouvait s'y attendre.

Cette fois-ci donc, six ans après, notre sénateur junior ne se serait donc pas rendu au conseil de discipline prévu rien que pour lui. Il serait plutôt allé faire un tour en Australie, chouette pays il est vrai.

Probablement la crainte d'une nouvelle sanction comme en 2002.

Leur réponse: "il sera entendu plus tard".

C'est vrai que ça doit faire drôlement peur une réponse pareille. C'est hyper dissuasif.

Au pire il risquerait la radiation du barreau. Bon. Quand on est vient à son âge d'être élu sénateur, ça doit pas faire bien peur. D'autant qu'il a un super tuteur en la personne de M. Flosse.

Alors le Conseil de discipline de l'Ordre des Avocats, ça doit plutôt le faire rigoler.

Finies donc les grandes tirades d'avocats comme celle de Me Quinquis et de son célèbre "P'tit branleur", en parlant du malheureux journaliste JPK disparu en 1987.

A chaque fois que je vois l'avocat préféré de Me Flosse ( enfin "préféré" je ne suis plus si sûr maintenant que Richard est arrivé...), je ne peux m'empêcher de repenser à son "P'tit Branleur", et je ne crois pas être le seul dans ce cas ....

La robe noire d'avocat est donc morte ou en passe de l'être pour le Sénateur Junior, vive le Palais du Luxembourg, où on ne doute pas que notre Sénateur junior affichera beaucoup de délicatesse, de probité et d''honneur.

L'avenir nous dira si au cours des 6 prochaines années, il se sera davantage bonifié qu'au cours des 6 dernières.

BREAKING NEWS, comme dirait l'autre!

A l'instant, sur le site TahitiPresse, on peut lire la réponse de M. Tuheiava suite à l'article des Nouvelles:

C'est un peu long mais je l'a recopie en intégralité:

Le sénateur et avocat Richard Ariihau Tuheiava qui ne s'est pas rendu jeudi dernier à la convocation du conseil de discipline du barreau des avocats en raison d'un déplacement en Australie, a fait parvenir un communiqué aux médias pour plaider sa cause.

Lequel communiqué a pour avant propos cette phrase du général Patton "quand on fait quelque chose, on provoque des critiques chez trois catégories de personnes : celles qui font la même chose ; celles qui font le contraire ; et surtout celles qui ne font rien".

Le sénateur poursuit en reprochant à une certaine presse d'avoir traité cette convocation avec sensationnalisme et désinformation.
Il précise aussi que "les faits sont simples : après la précédente conférence du patrimoine du Pacifique, en Nouvelle-Zélande, en février 2007, l'UNESCO m'a invité à présenter le projet du site cérémoniel de Taputapuatea (sur l'île de Raiatea) à la prochaine conférence, prévue à Cairns (Australie) du 13 au 17 octobre 2008. Ceci afin d'en faire le modèle des projets de classement à venir, dans le Pacifique.

Désinformation éhontée

Cela fait donc plus d'un an et demi que ce déplacement est planifié, et à l'époque, ni mon élection au Sénat, ni la procédure en cours au niveau du conseil de l'ordre des Avocats n'étaient eux inscrits au calendrier. M'accuser ouvertement (les médias) d'avoir voulu me "défiler" de cette convocation relève d'une désinformation éhontée. Ce d'autant qu'un courrier avait été, dès la date de réunion connue, envoyé au Bâtonnier, lui demandant de connaître enfin les griefs formels qui m'étaient reprochés et de différer cette rencontre. Je tiens par la présente à remercier le Bâtonnier de l'ordre des avocats, d'avoir tenu compte de ma demande".

Le sénateur et avocat Richard Ariihau Tuheiava conclut "je confirme ici que la situation financière de mon cabinet, comme déjà annoncé, est à ce jour apurée".

Fin de la réponse du Sénateur.

Bon en gros, il n'a pas aimé le côté "Chappe" du titre de l'article du quotidien.

Peut-être y aura-t-il un droit de réponse dans les Nouvelles demain, suivi d'une réponse au droit de réponse ?

A suivre donc.

Je me permets tout de même de rappeler que la fameuse citation du Général Patton (1885-1945) n'est qu'un vulgaire copié/collé de celle, plus élégante de l'écrivain Français Arsène Arnaud Claretie (1840-1913) à savoir:

Tout homme qui dirige,
qui fait quelque chose,
a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose,
ceux qui font précisément le contraire
et surtout la grande armée des gens, d'autant plus sévères,
qu'ils ne font rien du tout.


Je trouve que ça a plus de classe. Mais peut-être que c'est mieux quand c'est d'un Américain.

Le général Patton, qui a donc en son temps plagier Clarétie, est tout de même l'auteur réel de celle là:

"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face le fasse pour le sien"

Cliquer pour agrandir