On pense avoir à faire à une équipe d'hommes & femmes (très peu de femmes en fait dans ce gouvernement), simples mais globalement efficaces, qui vont gérer le pays comme des "bons pères de familles".
Oscar, l'oeil toujours humide de tendresse devant les caméras, semble pour certains être l'homme de la situation, après des années Flosse que beaucoup disent épouvantables.
Bref, de près, on comprend qu'il puisse en séduire quelques-uns.
Pourtant, avec le recul de ces deux années 1/2 de gouvernance cahotique d'Oscar, on commence à perçevoir l'impact de ces années Temaru sur la situation de la Polynésie.
En étudiant la revue économique Atlas-éco, (2004, 2006 et 2007) que tout le monde peut se procurer, on s'aperçoit que la Polynésie, classée parmi les 40 premiers pays de la planète en terme de PNB par habitant, a perdu quelques places depuis 2004, c'est-à-dire depuis l'arrivée au pouvoir de l'équipe Temaru.
Ainsi, on constate simplement que sous l'ère Flosse, la Polynésie gagnait régulièrement quelques places au classement mondial, en terme de PNB par habitant.
Depuis 2004, tout s'est inversé, et la Polynésie perd des places, parmi les 227 pays classés.
Voici les chiffres: 2001 & 2002 = 31e sur 227
2003 = 30e : la Polynésie avait gagné une place.
Puis, 2004 = 36e et enfin 2005 = 37e ....
L'effet Temaru a donc été rapide et "efficace", dans son genre.
Le graphique ci-contre illustre cette situation, les chiffres de 2004 sont déjà en baisse, et cette baisse a continué en 2005.
Les nombres indiqués indiquent l'écart entre la Polynésie et le dernier des 227 pays: le Burundi.
L'édition 2007 ne donne malheureusement pas les chiffres pour 2006 et on attend avec impatience l'édition 2008.
Biensur, ce ne sont que des chiffres et on peut surement trouver des excuses. Le PNB par habitant n'illustre pas l'écart entre les riches et les pauvres. C'est vrai. Mais c'est également vrai dans tous les 226 autres pays il me semble.
Tout de même, entre 2001 et 2005, la Nouvelle Zélande et l'Australie ont progressé (respectivement 25e et 21e) alors qu'en 2003 Tahiti était devant la Nouvelle Zélande (30e contre 44e).
Qu'ont fait les autres petits pays du Pacifique ?
* Fidji est resté continuellement à la 115e place
* Tonga est passé de 137 à 141
* Vanuatu est passé de 149 à 148
* Tokelau de 96 à 93
* Nauru de 56 à 55
Bref, on constate que la Polynésie, sous le terrible joug colonialiste français, n'était peut être pas si mal placée que ça, et qu'elle a très rapidement perdu des plumes avec la politique d'Oscar Temaru.
En Octobre 2007, l'institut Standard & Poors a déclassé la note de la Polynésie avec l'arrivée d'Oscar, il l'a abaissé à BBB+ avec une vision négative sur l'avenir.
Antony Geros a aussitôt parlé d'ingérence inexcusable dans les affaires du Pays.
Oscar répond que Tahiti Nui est beaucoup moins endetté que la France. C'est vrai que l'hexagone est drôlement endetté. Mais à entendre les économistes, tout le monde veut bien prêter à la France. Elle n'est pas encore à bout de souffle.
Cette note (BBB+) de la Polynésie revue à la baisse donc, signifie qu'il sera plus difficile de trouver des créanciers pour le Pays, ou en tout cas sous des conditions moins favorables.
Voilà un deuxième effet Temaru.
Par ailleurs, l'augmentation du SMIG à 150 000F risque d'augmenter l'inflation, ce qui va pénaliser encore davantage "les petites gens" qui ne sont même pas au SMIG (Pêche, petits boulots, fa'apu, ...), et la décision toute récente de baisser à 7000 CFP le loyer des logements sociaux ne va pas permettre de beaucoup remplir les caisses. Ceux qui ne payaient pas continueront, et les autres verseront moins d'argent.
On imagine donc ce que tout cela pourrait donner sur 5 ans ou 10 ans, voire bien plus.
La solution ? On n'augmente pas le SMIG, on fait baisser les prix en diminuant ou supprimant les taxes. Pour compenser, on instaure l'impôt sur le revenu (disons à partir de 350 000F).
Mais ça, c'est beaucoup moins démagogique et électoraliste.
Autre solution ? On arrête de faire croire à tout le monde qu'on peut être autonome et on reste bien sagement au chaud au sein de la République Française.
On comprend que certains Polynésiens soient fiu d'être téléguidés depuis Paris à 18 000 km (le sont-ils vraiment ?), qu'ils aient envie d'être peinards, de diriger eux mêmes leur business, mais tout de même, quand on pèse le pour & le contre, il me semble qu'on comprend vite ce qu'il faut faire, et surtout pour qui il vaut mieux ne pas voter...
Ainsi, avec le recul, on voit donc que ce qui pouvait sembler séduisant à certains au départ, risque bien de précipiter en fait le fenua dans le mur des lamentations du Pacifique sud.
Comme les Tonga et autres Tuvalu, qui chaque année y rajoutent une pierre.
Le côté Oscar de la farce.